HPI, rêve ou cauchemar ?

Au départ, je souhaitais faire un article sur ce sujet. Et au fur et à mesure que j’écrivais et que les lignes s’alignaient pour devenir des pages, j’ai choisi de décomposer l’article en parties avec des thèmes pour plus de faciliter à le lire. J’aborderai donc ici, les généralités et quelques idées reçues concernant le haut potentiel.

Depuis de nombreuses années, le haut potentiel intellectuel se démocratise. Bonne ou mauvaise chose ? Difficile de répondre à cette question. Le tapage médiatique, les livres, les émissions, les conférences, les courants de pensées qui s’opposent parfois peut perdre le curieux. La voie du milieu reste certainement la plus équilibrée, d’autant plus que nous ne savons pas tout sur ces personnalités.

En tant que maman de deux enfants haut potentiel, j’ai longuement recherché, écouté, lu, analysé jusqu’à me former auprès de Cogitoz (structure créée par Jeanne Siaud Fachin). J’ai même créé, en compagnie d’autres parents, une association pour les enfants à haut potentiel et leurs parents.

Je me suis investie dans le haut potentiel car j’étais concernée avec mes enfants mais également dans le cadre de mon activité d’hypnothérapeute où j’ai reçu et reçois encore des nombreux enfants et adultes HPI en souffrance. Je peux dire, qu’au fil des années, des expériences et expérimentations, je me suis peu à peu spécialisée avec le haut potentiel. Il me reste néanmoins beaucoup à apprendre car nous ne savons pas tout concernant ce profil.

Dans ces écrits, je souhaite partager mon expérience, mes ressentis, mes réussites, mes échecs mais aussi me positionner face à ces nombreux débats, opinions, certitudes, appellations, idées reçues, fausses croyances, utopies… pour être au plus proche d’une réalité quotidienne. Réalité vécue par de nombreuses personnes : adultes et enfants, réalité heureuse et parfois douloureuse.

Les appellations

Ont fleuri depuis quelques temps, différents termes pour nommer le haut potentiel. Chacun y va de son petit mot pensant qu’il détient le mot juste pour le définir. Nous trouvons un florilège de noms : surdoué, précoce, haut potentiel intellectuel, surefficient, atypique, laminaire, complexe…
Toutes ces expressions apportent des indications mais aucune ne donne véritablement un sens à ce profil. Moi-même, concernée, aucune ne me convient et je ne sais pas vraiment comment le définir. D’ailleurs est ce si important de mettre dans des cases ? Pourquoi ne pas tout simplement parler de personnalité différente ou atypique qui fonctionne autrement ? Pourquoi vouloir absolument définir avec un mot ce qui n’est pas réellement définissable en un mot ?
Les personnes haut potentiel ne ressemblent à aucune autre et même si elles ont un profil similaire, elles ne se ressemblent même pas entre elles ! Mais finalement, personne ne ressemble à personne, haut potentiel ou pas. C’est juste que la société impose des normes et que les personnes à haut potentiel sont hors normes.

Idée reçue n°1

Les personnes qui connaissent mal le haut potentiel ont tendance à en avoir une fausse image, une fausse représentation. J’entends souvent : « si mon enfant était haut potentiel, il serait premier de la classe » ou encore « vous pensez vraiment que j’aurais cette vie si j’étais haut potentiel ? »
Cela vient surement du premier terme utilisé pour définir ce type de personnalité : surdoué, ce mot induit que la personne surdouée réussit dans tout, et qu’elle est, et donc doit être, la meilleure. En somme une personne surdouée doit être un vrai petit génie ! Eh bien non ! Cela ne fonctionne pas comme ça, surdoué n’est pas égal à petit génie systématiquement.
Mais alors, qu’est ce que le haut potentiel ?

Le haut potentiel et ses particularités en quelques mots

Une personne haut potentiel est une personne qui réfléchit différemment que la plupart des individus mais également qui est différent physiologiquement.
En effet, les travaux d’Olivier Revol, pédopsychiatre montrent à l’imagerie que les connexions neuronales sont plus nombreuses et denses chez les sujets HPI. Elle a une meilleure connectivité, une meilleure efficacité de transfert de l’information. Ces connexions peuvent être homogènes dans le cerveau ou bien se situer plus d’un côté que d’un autre.

• Elle voit le monde de manière différente, dans sa globalité. Elle prend en compte tout ce qu’elle perçoit, cela signifie qu’une information lui arrive avec ses 5 sens. Donc pour une information captée, elle l’a reçoit en 5 exemplaires différents : par la vue, le son, l’odeur, le gout et le ressenti (kinesthésique). Alors qu’habituellement, un individu perçoit le monde avec principalement deux sens, la personnalité atypique, elle, le perçoit avec tous ses sens, cela lui permet donc d’appréhender son environnement de manière plus fine.
D’ailleurs, Le HPI remarque souvent les petits détails que d’autres ne voient jamais, remarque les incohérences qu’elles soient gestuelles ou verbales, et se fait un malin plaisir à les montrer du doigt !
Ce qui pose problème, notamment en classe ! Je vous renvoie à l’article sur le HPI au niveau scolaire.

• Sa vitesse de pensée est ultra rapide, ce qui fait que souvent, ses pensées vont plus vite que ses paroles et qu’il peut être difficile de la suivre dans son discours. Ses idées se bousculent, et elle a une pensée en arborescence, cela signifie qu’une pensée en amène une autre puis une autre puis encore une autre, cela ne s’arrête jamais, et c’est parfois très fatigant.

• La personne HPI se sent souvent incomprise des autres et elle a bien du mal à les comprendre également. Elle peut ressentir de l’isolement ou une mise à l’écart. Nous voyons souvent ce comportement dans les cours d’école ou dans les équipes de travail. Elle est souvent qualifiée de « bizarre » !

• Elle possède un sens aigu de la justice et n’aime pas assister à des situations injustes. Son sens de la justice est malgré tout changeant lorsque le cadre à respecter n’est pas logique pour elle.

• Elle pense beaucoup, réfléchit tout le temps, sans s’en rendre vraiment compte. Et elle croit que les autres pensent autant qu’elle !

• La susceptibilité et l’hypersensibilité caractérisent également la personnalité surefficiente.

• Ils appliquent tout au sens littéral, par exemple, si vous demandez à un enfant HPI de vider sa poubelle maintenant, il peut très bien la vider tout de suite au milieu de sa chambre ! Pour lui, il aura fait ce qui a été demandé alors que vous, vous attendiez qu’il aille la vider dans la grande poubelle, mais vous ne l’avez pas bien verbalisé !

Est considéré HPI, un enfant ou un adulte qui a passé un test de QI validé avec un résultat supérieur ou égal à 130. Est ce à signifier qu’une personne avec 129 n’est pas HPI. Dans les textes, c’est le cas, dans la réalité, il faut nuancer car le critère du nombre de points de QI n’est pas le seul facteur à prendre en compte pour diagnostiquer une précocité.

Beaucoup se demande si le HPI a aussi un trouble du spectre autistique. Pour moi, la réponse est oui, leurs attitudes parfois rigides et leurs peurs du changement, leurs communications agressives parfois, indiquent un trouble qui peut être présent chez certains.

La psycho rigidité de certains fait que leur éducation diffèrent des autres enfants : ils peuvent être durs, très dur mêmes. Il est de bon ton de les comprendre, et de ne pas y aller de front sous peine d’envenimer la situation. La négociation, la recherche de sens et de logique, le cadre rassurant ferme et souple à la fois, seront vos meilleurs alliés pour accompagner un enfant haut potentiel vers l’épanouissement.

Ce ne sont pas les seules caractéristiques, je vous invite à faire vos propres recherches pour en connaitre davantage et surtout pour vous faire une opinion bien à vous, sans suivre les courants et les querelles de clocher sur le sujet !

Idée reçue n°2

C’est génial d’être haut potentiel ou d’avoir des enfants haut potentiel !

Combien ai-je pu entendre cette phrase de la part de personne qui ne le sont pas avec dans l’intonation une sorte d’envie. Ce n’est pas de tout repos d’être HPI et c’est loin d’être de tout repos d’avoir des enfants HPI. Les enfants et même les adultes HPI demandent beaucoup d’attentions, de patience, de négociation, de tact, de cadres, de compréhension.
Leurs états émotionnels font les montagnes russes en permanence, une joie intense qui peut être suivie d’un grand désarroi en quelques secondes.

Passionnés, ils se posent et posent des questions sur tout et rien et ne lâchent rien tant que la réponse ne leur convient pas.
C’est à la fois très encourageant et très épuisant car ils ne se reposent jamais vraiment !

Savez-vous que parfois, un HPI est tellement anxieux qu’il ne dort pas faisant profiter tout le reste de la famille de son éveil ? Et que cela peut durer des jours, des semaines, des mois…

Savez-vous qu’ils n’ont pas de filtres et peuvent dire des choses qui dépassent l’entendement et peuvent créer du conflit ? Je me rappelle d’une anecdote, mon fils avait 5 ans, des amis arrivent à la maison et lui offre un gros paquet de bonbons. Il les regarde et leur dit "j’en veux pas, j’aime pas les bonbons !"

Savez-vous qu’il faut gérer les crises de peurs, de panique, de colère, de pleurs qui peuvent surgir à tout moment, n’importe où ?

Idée reçue n°3

Tous les enfants qui ont des troubles du comportement sont haut potentiel… Non, non et non ! Ce serait extrêmement réducteur. Les HPI peuvent avoir des troubles du comportement mais ce n’est pas systématique.
Beaucoup de parents de nos jours pensent à tort que dès que leur enfant est turbulent, un peu différent alors il est haut potentiel ! Rien n’est plus faux et cela décrédibilise tout ce qui est dit sur la précocité. De fait, ce profil n’est pas toujours pris au sérieux, notamment dans l’enseignement car les professeurs en ont marre d’entendre qu’untel ou untel se comporte comme cela car il est HPI ! Et je les comprends, nous voyons de plus en plus de parents d’enfants HPI alors qu’il n’y a pas plus d’enfants HPI détectés ! Cherchez l’erreur !
Vous savez, parfois, l’enfant turbulent avec un comportement inadapté, manque peut être, tout simplement, d’éducation.

Idée reçue n°4

Les HPI vont toujours mal, ils sont angoissés et ont un comportement agité. Rien n’est plus faux. Il y a des profils HPI qui vont bien, mais comme ils ne se font pas remarquer, nous avons tendance à oublier que ça existe. Au passage, je souhaite préciser ici que le HPI n’est pas une maladie et n’est pas contagieux.

Idée reçue n°5

La précocité s’arrête un jour. C’est ce que laisse supposer le mot précocité. Eh bien non, quand quelqu’un est précoce, il l’est toute sa vie. Je le répète, le HPI est un trait de personnalité, cela ne s’en va pas en vieillissant !

Idée reçue n°6

Tous les hypersensibles sont des HPI. Non, si tous les HPI sont hypersensibles, l’inverse n’est pas vrai. L’hypersensibilité est elle aussi un type de personnalité à part entière. Beaucoup de traits semblables entre les deux et pourtant, il y a des différences notables.

Voici quelques informations sur le sujet du haut potentiel, c’est un condensé, il y a tellement à dire, je ne peux pas tout aborder ici, vous ne liriez pas jusqu’au bout !


Pour en savoir plus, je vous invite à faire vous même vos propres explorations, vous pouvez découvrir les écrits et travaux de :

  • Jeanne Siaud Fachin
  • Olivier Revol
  • Monique de Kermadec
  • Christel Petitcolin

Information complémentaire

Cabinet Hypnothérapeute sophrologue
Aude Jacquin

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